Le BDSM comme un Art d'aimer
« L'amour réciproque, le seul qui saurait nous occuper ici, est celui qui met en jeu l'inhabitude dans la pratique, l'imagination dans le poncif, la foi dans le doute, la perception de l'objet intérieur dans l'objet extérieur.» C'est ainsi que s'ouvre le chapitre «L'amour» d'André Breton et Paul Eluard dans «l'Immaculée Conception »
Comme j'aime cette phrase… Et comme elle nous définit si bien.
Ce que vous allez découvrir sur ce blog, ce BDSM qui risque de vous surprendre n’est que le nôtre.
Il ne se veut ni un exemple à suivre, ni un repoussoir pour gens de mœurs dites « normales ». Tous les textes présentés dans cette rubrique sont de moi, en poèmes, en polémiques, en réflexions aussi souvent, ils nous racontent, S et moi.
Nous.
Un couple parmi tant d’autres, animé par une grande curiosité, un esprit joueur et aventurier, le besoin de découvrir, d'explorer les innombrables facettes de la sexualité, les recoins de nos corps et de nos esprits à travers ce qu'on appelle communément le "BDSM". Un acronyme en quatre lettres et six interprétations différentes. Selon l'orthodoxie, il me faudrait maintenant préciser qu'Il est le Dominateur (avec un D majuscule) et moi la soumise (avec un s minuscule)…
Vous entendrez ici parler de douleur et de plaisir entremêlés, d'explorations sensorielles et de jeux sexuels. Car c'est bien ainsi que nous considérons le BDSM : Un jeu. Un espace ludique d'expression et de communication, un temps à part, un jeu de rôles dans lesquels (presque) tout est possible. Vous lirez les mots : domination, soumission et masochisme. Mais jamais, au grand jamais, vous ne lirez ceux de punition, d’esclavagisme ou de souffrance. Notre BDSM, outre le fait de répondre positivement à l’aspect S.S.C. (Safe, Sane and Consensual), est en outre l’histoire d’une rencontre, d'une relation amoureuse qui dure maintenant depuis plus de 2 ans, monogame par choix et non par convention sociale (parce que c'est là ce qui nous convient le mieux) et basée sur le respect et le partage. Sur l’égalité aussi.
Je ne suis ni ne me considère comme étant "la soumise" ou "la propriété" de mon amant, de même qu'il n'est pas "mon Maître". Nous n'entrons dans ces rôles que lorsque nous le décidons, à deux. Au quotidien, nous ne sommes pas enfermés dans nos rôles, qui ne sont que des facettes de nous-même nous permettant d'explorer et de canaliser des parts de soi que d'ordinaire on redoute, on, refoule, on muselle, on rejette.
Je tiens par ailleurs à préciser que dans le cadre de nos jeux, rien ne m’a jamais été imposé, tout au plus m’a-t-on tenu la main et insufflé un peu d’inspiration sur un parcours que j'ai choisi, en pleine conscience, et dont j’ai désiré toutes les étapes et chacun des instants.
Les yeux bandés, j’ai ressenti les délices sensuels et érotiques du vertige, j’ai perdu volontairement l’équilibre et le sens de l’orientation pour m’abandonner à ce que je suis, ou accéder à des parts de moi inexplorées. C'est enserrée dans des liens, contrainte, que j'ai ressenti le plus intensément une incroyable sensation de liberté et de pleine puissance tant l’émotion était forte, une émotion qui me donnait envie de toujours recommencer avec Celui qui, derrière moi, était prêt me protéger afin que je ne tombe jamais à terre. Sous le souffle et le claquement des lanières, j’ai connu des instants de plaisir intense, le sentiment d’aborder par cette sensation un territoire nouveau, tout entier à découvrir, des moments de vécu sublime à deux.
Vous avez maintenant tout le viatique nécessaire pour vous lancer dans ce blog BDSM, même si je ne suis pas là pour vous guider dans nos taillis, dans nos buissons, dans ce jardin intime en contre-allée où, si les roses ont des épines, elles embaument aussi plus fort que celles qui longent les routes plus empruntées.
Les enfants ont le don de la créativité.
Ils regardent tout d’un oeil neuf et la tête à demie penchée.
Ils ont cette imagination qui nous échappe une fois que nous sommes parvenus à l’âge adulte et que nous ne pouvons retrouver qu’en cherchant/trouvant un sens différent à ce qui est placé là, sous notre regard.
Le BDSM, le mien, ce serait à peu près ça.
A la même seconde, je suis enfant nouvelle née et pareillement femme dans sa pleine maturité.
J’ai tellement envie de jouer, d’enfoncer mes doigts candides dans la boue des ruisseaux.
Mon regard redevient ingénu et malicieux, et je retrouve ma force et ma lumière,
En prenant mes ombres par la main.
Je joue avec toi, et je renoue avec ce qu'il y a de plus sauvage, de plus animal, de plus innocent.
Et c’est cela la soumission, les chaînes qui libèrent ...
Et puis il y a Toi.
S’insérer dans le courant du fleuve de quelqu’un d’autre est quelque chose de merveilleux. Se laisser transporter par un flux étranger est enivrant.
Il suffit de trouver un anneau de conjonction, de s’y encastrer avec la juste précision pour créer une nouvelle chaîne, autre, différente.
Et c’est cela la domination, les chaînes qui libèrent
Adrénaline pure, chaos, irrationnel, absence de logique, expériences qui me donnent la confirmation d’être désormais une entité diverse, vibrante.
Qui me donnent la confirmation d’être en vie, qui me donnent la certitude qu’il suffit de détourner le regard, de regarder d'un œil neuf et se mettre à pencher la tête pour voir mille dimensions
Qui peuvent se conjuguer en une seule, la nôtre.